Les forges de Tronçais

Le projet de reconversion

Il y aurait 250 000 friches industrielles en France, or les possibilités de reconversion dépendent d’abord de l’environnement économique, de la localisation des friches, de la nature des projets et des acteurs qui réalisent la réhabilitation. N’en déplaise aux experts, réhabiliter une friche industrielle de 10 ha dans une agglomération de 500 000 habitants n’a aucun rapport avec la même opération chez nous. En effet, la concentration dans les grandes villes des facteurs de production (main d’œuvre, capitaux, formations, services, télécommunications, transports, etc.) placent des territoires comme le nôtre en grande difficulté. Dès lors, mieux vaut bien réfléchir avant de se lancer dans la réhabilitation d’un tel site. C’est ainsi, qu’un bureau d’études a travaillé pendant 18 mois sur le site entre 2012 et 2014. Il a proposé la création d’un pôle de production – recherche – formation bois design.

Cependant, le bureau d’études n’a pas tenu compte de la limite financière fixée dans le cahier des charges : 2 à 2,5 millions d’€ d’investissement. Son argumentaire consiste à dire qu’il serait facile de proposer « un petit projet d’estime » qui se traduirait simplement par la création d’un petit musée dans les bâtiments anciens, mais ce n’est pas cela qui va redynamiser le territoire. Il a raison : il y a 5 000 visiteurs par an au musée du canal de Berry, et autant aux forges de Grossouvre, dont la rénovation qui a coûté 3 000 000 €, a été assurée par le Département du Cher et pas par une communauté de communes de 7 700 habitants. La dernière estimation fournie par le bureau d’études prévoit un investissement de 6 700 000 € pour les 4 prochaines années. Face à cette dépense, nous aurions pu prétendre au maximum à 1 200 000 € d’aide (300 000 € de la Région + 300 000 € du Département + 300 000 € DETR + Europe). En admettant que grâce à sa connaissance de l’ingénierie financière de ce type de projet, le bureau d’études parviennent à 80 % d’aides publiques et privées, la communauté de communes devrait financer 1 340 000 € en 4 ans, soit 335 000 € / an. C’est presque le montant annuel de nos investissements en voirie. Soit les élus renoncent à la voirie, ce qui est impossible, soit ils acceptent d’emprunter 1 340 000 € pour la première phase des forges. C’est pourquoi, pour l’instant, seuls les travaux de confortation des toitures (qui seraient toutes écroulées sans cela), des travaux de clôture et de nettoyage du site ont été réalisés pour un montant de 358 788 € TTC.